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Topo VTT Dévoluy Céüse Saint-Genis

par Coralie dans En France 01 mars 2012 9048 lecteurs 1 commentaires
Lecture 7 min.

Point cartoÀ l’occasion d’une petite itinérance à VTT BUL automnale dans le Dévoluy, Mika et Anthony ont écrit un article publié dans Carnets d’Aventures n°27 (voir le sommaire, le commander).
Mika nous donne ici un topo de leur joli trip ainsi que sa méthode de construction d’un itinéraire VTT.

Texte : Michael Charavin
Photos : Michael Charavin et Anthony Roy

Construire son itinéraire VTT


La préparation d'un itinéraire VTT BUL est un temps/investissement nécessaire pour qui souhaite vivre les plaisirs de l'itinérance sans pour autant renoncer aux éléments fondateurs de la pratique traditionnelle du VTT : esthétisme, ludicité, technicité d'un parcours.
Dans cet esprit, pour nos deux dernières itinérances à VTT BUL, j'ai sélectionné un massif : celui du sud Dévoluy et des petites montagnes situées entre la vallée de la Durance et le Grand Buëch.

- Pas très loin du lieu où je réside, mais dans un secteur géographique tout de même assez différent pour en apprécier le dépaysement : la zone se caractérise par des paysages variés, tout aussi marqués par des influences alpines que subméditerranéennes, tant au niveau des sols, de la végétation que des températures ; ces dernières étant appréciables en ½ saison…
- Un terrain montagnard, parcouru par un bon réseau de sentiers à des altitudes moyennes ; l'essentiel en zone forestière ou à la limite des pâturages (étages montagnard et subalpin pour les géographes). Dans le contexte d'un massif essentiellement calcaire ou marno-calcaire, la forêt est souvent la garantie de sols plus épais. Et donc plus « moelleux » pour la pratique du VTT !
- Une bonne desserte par les trains régionaux, idéal dans le cadre d’une traversée (les points de départ et d'arrivée, différents, sont des gares SNCF).

Je n'ai pas utilisé de topos VTT existants, ni d'autres infos provenant des instances fédérales, des sites et des services locaux spécialisés dans la randonnée à VTT. Pas non plus de points GPS. Seulement les cartes IGN au 1/25.000e. Mais finalement, l'itinéraire suivi recoupe régulièrement les variantes des Chemins du Soleil qui sillonnent le secteur…

Le long de la falaise de Ceüse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si, pour celui qui se construit un parcours sur mesure, les cartes topos restent incontournables sur le terrain, leur version numérique sur le site Géoportail (www.geoportail.fr/visu2D.do?ter=metropole) est appréciable pour avoir une vision globale détaillée de la zone géographique que l'on se propose de parcourir.
Avec un peu d'habitude, en scrutant méticuleusement les sentiers sur les cartes, on arrive à se faire une idée acceptable de quelques paramètres qui définissent, la plupart du temps, le profil/modelé de l'itinéraire sélectionné :
- la représentation graphique d'un sentier (pointillés simples courts ou longs, double trait en pointillés longs, pointillés associés à un trait continu, etc.) indique assez précisément s'il s'agit d'un sentier, d'un chemin (piste étroite), d'une piste…
- Le surlignage en rouge (itinéraire PR et GR) donne une idée +/- précise de la fréquentation de l'itinéraire, en sachant qu'un sentier fréquenté a des chances d'être plus roulant qu'un autre moins fréquenté (car probablement mieux entretenu).
- Critère majeur : la pente moyenne du sentier. Un sentier qui coupe franchement les courbes de niveau s'avère très souvent moins roulant qu'un sentier à la pente peu marquée. Dans la même logique, la représentation des épingles à cheveux est assez souvent le gage d'un sentier à la pente modérée, même s'il parcourt un versant globalement raide.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je privilégie donc les sentiers à faibles pentes :
- parce qu'à la montée, je préserve mes petits poumons de l'asphyxie générale tout en me donnant la possibilité d'emprunter de véritables sentiers (single-tracks) et de les parcourir sur la bécane.
- Parce que cela permet des parcours « d'altitude », beaucoup plus panoramiques que des itinéraires montées / descentes « dré dans l'pentus » (où la possibilité de lever la tête du guidon sans risquer de perdre le contrôle est rare).
- Parce que les descentes sont aussi plus longues et ont des chances d'être très roulantes ; le plaisir d’y rouler full speed sans prendre de gros risques est alors maximum.

Descente vers le Devoluy
Descente vers le Devoluy

 

En sachant pertinemment que nombreuses et incontournables sont les sections où le choix de la moindre pente n'est pas possible ; on aura donc régulièrement la possibilité de savourer des franchissements techniques à petite allure…

Sur ces différentes bases, je compulse longuement et en détail la cartographie d'un secteur.
- Je repère et sélectionne mentalement les sentiers qui correspondent à mes critères.
- J'en fais la synthèse en essayant de relier au mieux les sections de sentiers préalablement repérés.

Bien entendu, cette méthode ne dessine pas l'itinéraire le plus court entre mes points de départ et d'arrivée. Au contraire, elle aura tendance à m'emmener dans des circonvolutions un peu inattendues : véritable découverte d'un massif.
Elle me garantit en revanche de faire du beau VTT, c’est-à-dire de rouler majoritairement sur du single, si possible roulant, à la descente… comme à la montée.
J'accepte quelques courts tronçons en asphalte dans les vallées, des passages sur larges pistes forestières pour regagner de l'altitude. Mais je favorise toujours et autant que possible le sentier. Quitte à pousser/porter sur de courtes sections !

 

Itinéraire Dévoluy Céüse Saint-Genis

En utilisant la méthode de préparation d’itinéraire décrite plus haut, j’obtiens un résultat, pour 4 jours, qui est excellent : parcours très varié, à forte proportion de sentiers, avec de magnifiques sections, souvent très roulantes, parfois techniques.

Nous n'avons pas plus calculé le dénivelé effectué que la distance parcourue… Mais on peut toutefois dire que le parcours est physiquement assez exigeant (étapes de 9h, 7h30, 8h et 6h de vélo). Certaines sections le sont aussi techniquement (les descentes sur Veynes, Esparron, les gorges de la montagne de St-Genis ou le sentier des Bans sont de vrais challenges pour qui veut tout passer à vélo !)

sentier des bans
sentier des bans

 

Les plus beaux tronçons du parcours

Devoluy

 

Sud-Dévoluy

- La descente du col de Lauteret (secteur de Barbelouve) jusqu'à la piste forestière de l'Airon.
- La remontée du versant NO du col de Souchière (par le GR94D) : 1 poussage obligatoire au niveau du ravin de Cornet, tout le reste se fait à vélo ; au début, montée un peu soutenue, ensuite agréable traversée ascendante sur un très beau sentier à l'ombre d'une hêtraie.
- Entre les cols de Souchière et des Flocardes : d'abord en traversée (alternance petites descentes / petites montées), 2 ou 3 coups-de-cul, le sentier est très agréable et très roulant, toujours en sous-bois de la hêtraie-sapinière.
- La descente du col de Combe Noire à Veynes par le GR 94 D : très beau sentier, au sein d'une végétation mariant pins et genêts en fleur (au printemps). Légère descente jusqu'au col de Cuberselle, puis traversée descendante très roulante avec vue qui se dégage progressivement sur la vallée du Petit Buëch (2 ou 3 passages un peu expo…). Sur un court tronçon, le sentier descend franchement et devient technique (tous les passages se franchissent à vélo…). Il redevient très roulant un peu en amont du point coté 1008. La descente s'accélère à nouveau en arrivant sur Veynes. Nous avons opté pour un sentier qui quitte le GR sur la gauche : il descend sur le fil (ou un tout petit peu en contrebas) de crêtes marneuses qui dominent le village. Parcours un peu expo mais roulant (sauf un passage de quelques mètres), avec vue magnifique sur les toits de Veynes… La sente débouche contre les maisons les plus hautes du village.

En descendant sur Veynes
En descendant sur Veynes

 

- Entre les cols de Matacharre et de Conode : d'abord en sous-bois, puis à travers de grands éboulis. Excepté quelques courts passages, tout se fait sur le vélo car le sentier dénivelle très peu. Magnifique, mais demande pas mal d'attention car le sentier est souvent étroit et parfois un peu expo…
- Du col de Conode à la bergerie des Grangettes par un sentier étroit sur le versant est de la Dent d'Aurouze : option pas toujours très roulante (sections hors sentiers), mais très sauvage et offrant de très beaux points de vue, tant sur le pilier de Bure que sur le haut vallon du Petit Buëch ou sur les Écrins.

Sous les falaises du pic de Bure
Sous les falaises du pic de Bure

 

- De la bergerie des Grangettes au torrent du Petit Buëch : un magnifique single descend en sous-bois vers la chapelle de la Crotte. Après la chapelle, il faut rejoindre le torrent homonyme, traverser le charmant petit plateau de la Pousterle, et franchir le torrent du Petit Buëch (baignade possible).
- Le sentier des Bans : quelques « poussages » sont nécessaires de temps à autre, mais une grande majorité de la montée peut se faire sur le vélo. Le fameux passage en corniche se roule, mais attention car l'erreur n'est pas permise… Magnifique secteur. Au-delà, le sentier est relativement technique, mais presque tous les passages se franchissent sur le vélo.

Chemin des bans du Petit Buëch
Chemin des bans du Petit Buëch

 

- Gym cana de Rabou à la Roche-des-Arnauds : beau single, très ludique, alternant des passages très roulants, quelques chicanes plus techniques, des traversées du torrent du Petit Buëch sur des passerelles suspendues très étroites et un peu branlantes, un parcours un peu enduro sur les rives du torrent et un final sur un muret à la Roche…
 

Massif de Céüse / Petite Céüse / Aujour / Saint-Genis

- De Manteyer au col des Guérins : beau sentier en balcon, en traversée ascendante. Sur la 1e partie, quelques passages en ornières ne sont malheureusement pas négociables à la montée, mais sinon tout se franchit sur le vélo. Le sentier en sous-bois est magnifique, très roulant, quoique toujours un peu étroit. À partir de la cote 1650, le sentier devient plat. Passage entre les blocs effondrés de la corniche, au milieu des pins et des lys orangés. Quelques magnifiques vues sur la falaise ou vers le sud. Ensuite, descente progressive par un très beau sentier, très roulant, dominé par la superbe falaise de Céüse. Une fois rejointe la route forestière des Breniers, on plonge dans le versant par un nouveau single (balisage VTT) : début un peu pentu et caillouteux, il devient excellent par la suite. On débouche sur une très bonne piste de ceinture qui ramène au col des Guérins.

 

- Descente de la Petite Céüse à Esparron : très beau single qui dévale en lacets vers le col de Bois-Rien, puis en traversée descendante vers le col de la Baume. De là, on plonge sur le versant sud : sentier un peu caillouteux sur la partie haute, 1 ou 2 marches qui se négocient sur le vélo, puis une partie bien roulante à mi-hauteur, et un finish technique et très intéressant sur une crête marno-calcaire (tout peut se passer à vélo).
- Du pas de Roche-Courbe au col de Faye : une magnifique section en single franchit le pas de Roche-Courbe. Les ¾ de la descente suivante se font sur un single très roulant. Plus loin, un beau sentier, varié et ludique (up and down), traverse une série de ravines sous un couvert de chênes et de pins.
- Montagne de Saint-Génis nord : depuis le collu au nord-ouest du Roc Taillefer, le sentier balisé PR (jaune), d'abord +/- à courbe de niveau, serpente au sein d'une chênaie : très belle section. En se rapprochant de la gorge, le bois laisse la place à des éboulis de calcaire ; le sentier, qui zigzague dans une petite combe, devient assez raide et très technique ; cependant, une très grande majorité du parcours peut se faire sur le vélo (passages engagés).

Descente Devoluy

- Montagne de Saint-Génis sud, des gorges du Riou au versant sud de Porte-Sereine : la remontée des gorges est assez roulante, et très esthétique (petit pont, tunnel, joli cours d'eau…). La fin de la montée en direction de Porte Sereine, par un single, est agréable, car douce et en sous-bois. La descente en direction de Laragne est soutenue.

Nuits en hamacs et dans une cabane. Ravitaillement à Veynes (J1) et à la Roche des Arnauds (J2).

A l'abreuvoir

Alors, si vous avez 4 jours et l'envie de « bouffer » du vrai VTT sans aller bien loin, à vos bécanes !

Mika

Point carto
Point carto

 

Bivouac BUL par temps frais
Bivouac BUL par temps frais

Commentaires
Sevy - 27 avr. 2020
1 messages
Merci pour ce descriptif. Je suis à Serres et quand on pourra ressortir ça fait vraiment envie.