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Pédaler pour mieux skier

Geoff
par Geoff
21 juin 2023
mis à jour 23 août 2023
403 lecteurs

Ski de printemps et approches à vélo ou comment profiter pleinement de cette transition saisonnière lorsque que l’été pointe son nez en plaine et que les sommets tout blancs nous font encore de l’œil. Geoffroy nous raconte une itinérance à véloski très spéciale : un beau cadeau pour passer la trentaine…

Paul, Léo et Geoffroy, les 3 mouskitaires
Paul, Léo et Geoffroy, les 3 mouskitaires

Ce 9 juin 2021 est un grand jour ! Je me réveille trentenaire et prends la route avec mes amis Léo et Paul (qui fêtera lui aussi ses 30 ans le lendemain) pour un périple à véloski prévu de longue date. Toutes les planètes sont alignées : des copains disponibles, prêts à (re)chausser les skis pour l’occasion et un enneigement encore suffisant en ce début d’été. Notre petite bande n’en est pas à son coup d’essai (cf. carnets MyTrip) et cette fois, c’est depuis le pas de notre porte au nord de Belledonne que nous enfourchons les vélos, cap sur le Beaufortain et la Haute-Tarentaise pour cinq journées alternant jolies routes et pentes de Savoie.

Pédaler pour mieux skier

Nos montures lourdement chargées s’ébranlent maladroitement en direction du Cormet de Roselend, col mythique de la route des Grandes Alpes. Il faut en effet prendre un peu de vitesse avant de commencer à obtenir un équilibre convenable avec tout notre barda. À chaque départ de voyage, c’est la même sensation de découverte d’un « nouveau » vélo qu’il faut réapprendre à manier. Passé ces premiers instants d’équilibriste, les tours de roues se font plus sûrs et c’est pleins d’entrain que nous nous élançons sur le bitume encore humide des orages de la veille. Un lâcher-prise s’opère alors aussi rapidement qu’insidieusement : notre aventure ne commence pas skis aux pieds en bas de la montagne mais bien ici, à la maison et sur la selle ! Nous le ressentons et un mélange d’excitation et de sérénité nous envahit progressivement. Quelle joie de se rendre vers les sommets en toute simplicité, cheveux au vent et soleil sur les épaules ! Au contact du relief du Beaufortain, la route se redresse, le rythme ralentit, et notre allure se rapproche de celle du skieur remontant la pente, calé dans un tempo régulier et laissant ses pensées vagabonder, entrant ainsi dans une forme de méditation induite par l’effort. On se « relaie à la trace », chacun prenant tour à tour la tête du convoi pour ouvrir la voie vers les hauteurs. Même en semaine, le trafic est dense sur la route d’accès à Beaufort et l’absence de piste cyclable nous impose de rouler en file indienne. Quand les choses sérieuses commencent – 7, 8, 9 % nous annoncent les bornes kilométriques sur le bas-côté – le poids des vélos se rappelle à nous. En plus du nécessaire de bivouac et des quatre jours d’autonomie en nourriture, nous transportons skis, chaussures, bâtons, piolets, crampons, cordes et matériel de glacier. Un sacré attirail qui ne facilite pas la tâche, mais qui rendra d’autant plus magiques les virages espérés sur les sommets. Nous les rêvons sous le crachin qui nous accueille au lac de Roselend, véritable joyau du Beaufortain avec ses eaux turquoise entourées de verts pâturages. Ambiance pour le moins scottish donc en arrivant au Plan de la Lai après quelque 70 km et 1600 m de dénivelé, sommets bâchés dans les brumes et visages fouettés par les embruns (ne manque que le goût salé et on s’y croirait smiley). Et les planètes restent alignées, car alors que nous nous abritions de la pluie, congelés sous un auvent, nous apercevons au loin un chalet d’alpage, qui n’est autre qu’un bar-restaurant ouvert ! De quoi finir la journée au sec, et lever dignement un premier verre à mon anniversaire avant d’installer le bivouac aux alentours.

... et la suite ?