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Edito Carnets d'Aventures #37

par Alexis dans Éditos 04 sept. 2014 mis à jour 09 sept. 2014 2339 lecteurs Soyez le premier à commenter
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La sobriété heureuse

Certains écologistes radicaux prédisent des lendemains qui déchantent. Au nom de la lutte contre le réchauffement climatique et l’extinction des ressources naturelles, ils voudraient imposer l’austérité à toute l’humanité. « Serrez-vous la ceinture, la fête industrielle est terminée ! » Tel serait le cri de ralliement de ces Cassandre extrémistes qui ne souhaiteraient plus simplement la préservation de l’environnement, mais aussi le châtiment de l’Homme. Voici en quelques mots la thèse de Pascal Bruckner développée dans son dernier livre, Le Fanatisme de l’apocalypse.

J’aimerais beaucoup pouvoir emmener Pascal marcher et bivouaquer une semaine en forêt ou en montagne. Bien sûr, la proposition lui paraîtrait probablement saugrenue et s’il l’acceptait, il dormirait sûrement très mal la première nuit. Car le voyage nature est en apparence une injure au progrès et une entorse à notre sacro-saint confort matériel : pourquoi avancer si lentement sans moteur alors qu’on sait aller si vite avec ? À quoi bon dormir dehors et à même le sol alors que depuis si longtemps l’Homme passe ses nuits plus confortablement dans un lit et sous un toit ?

Mais peut-être qu’au bout de quelques jours Pascal commencerait à s’habituer à cette vie « à la dure ». Gageons même qu’à la fin de la semaine il se sentirait tellement bien au contact direct avec la nature, l’esprit complètement dégagé de toutes ses préoccupations citadines, qu’il ne lui viendrait même plus à l’idée d’utiliser cette expression. Il comprendrait que non seulement il est possible de voyager avec 5 € par jour, mais qu’en plus ça peut être très agréable !

Un soir, pour l’aider à s’endormir, je lui passerais ce livre de Pierre Rabhi que des dizaines de milliers de personnes ont déjà lu : Vers la sobriété heureuse. Le lendemain nous en parlerions toute la soirée. Car qu’y a-t-il d’autre à faire au bivouac que de manger et discuter tranquillement en regardant les étoiles ? Passer quelque temps dans la nature, c’est faire un pas de côté, prendre du recul, profiter. Pour ne plus simplement lire les mots de Pierre Rabhi, mais avoir l’impression de les vivre. Pour remplacer durablement le désir d’avoir plus par le bonheur d’être mieux. Pour ne plus ressentir le besoin de se projeter dans un avenir qui pourrait soi-disant s’améliorer grâce au progrès et à la croissance, mais trouver son équilibre dans le présent, goûter à la plénitude de l’instant.

À la fin de notre petit voyage, Pascal serait heureux de retrouver le confort de son chez lui. Il lui donnerait même une plus grande valeur puisqu’il en aurait été privé pendant quelques jours. Mais après s’être senti si bien avec si peu, la perspective de devoir à l’avenir maîtriser sa consommation de biens matériels ne lui apparaîtrait plus comme une punition. Bien au contraire, il commencerait à comprendre que la transition écologique peut même constituer un horizon désirable.

Rêvons un peu, Pascal ! En pensant à Pierre Rabhi et tous ceux qui soutiennent ses thèses au jour le jour, peut-être intitulerez-vous votre prochain livre Les prophètes du bonheur à venir ?

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